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Lettre ouverte aux critiques suite à mon refus d’inscrire dans la loi l’objectif maintenu de sortie du glyphosate d’ici 3 ans

17 septembre 2018

Un certain nombre de citoyens m’ont vivement interpellé que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur ma boîte e-mail suite à mon refus de graver dès aujourd’hui dans la loi l’interdiction du glyphosate lors du vote du 15 septembre dernier dans le cadre de la loi Agriculture et alimentation dite “Egalim”. Devant l’expression légitime de la crainte exprimée (les insultes et les menaces mises à part…) par ces citoyens j’aimerais porter à leur connaissance quelques éléments d’informations pour éviter la propagation des discours simplistes et démagogiques qui résument le combat pour la réduction des pesticides à “Interdisons le glyphosate en inscrivant cette interdiction dès aujourd’hui dans la loi” :

1- Notre objectif est bien de faire ce que les majorités précédentes n’ont pas eu le courage politique de faire : amorcer la transition de notre modèle agricole en sortant de façon réaliste du glyphosate en 3 ans.
Tout d’abord un petit rappel agronomique. Si le glyphosate a été si longtemps prisé par l’agriculture c’est qu’il apportait une réponse simple, efficace et peu onéreuse pour traiter les sols en attente de culture (les pays utilisant des OGM résistants à la molécule autorisent le traitement sur les cultures elles-mêmes contrairement à la France) sans avoir à retourner la terre et affaiblir ainsi sa qualité et sa fertilité. L’agriculture française a compris qu’elle devait maintenant s’atteler à sortir de la dépendance qu’elle a entretenu vis à vis de ce produit. Mais pour réussir cette transition, cette dernière doit se faire de manière concertée avec les agriculteurs (et non pas contre eux de façon autoritaire) en les accompagnant pour se former à de nouveaux usages et en leur laissant, pour certains d’entre eux, le temps nécessaire pour trouver des solutions alternatives (notamment pour résoudre les problématiques liées aux plantes vivaces et aux zones en fortes pentes). En ce sens, une mission d’information sur le suivi de la stratégie de sortie du Glyphosate va être mise en place et débuter ses travaux le 27 septembre prochain. Je serai acteur de cette mission afin de m’assurer que le contrat de confiance et de responsabilité établi entre le gouvernement et le monde agricole soit effectivement respecté. A défaut, l’interdiction du Glyphosate sera bel et bien inscrite dans la loi.

2- Le combat contre le glyphosate n’a de sens que s’il est mené au niveau européen.
Interdire à nos agriculteurs des pratiques que d’autres pays européens pourraient continuer d’avoir et dont les productions se retrouveraient librement sur les étals de nos marchés et supermarchés n’a simplement aucun sens. Nous réussirions ainsi l’exploit de détruire des exploitations agricoles françaises tout en ne changeant absolument rien à la qualité des produits qui se retrouvent dans nos assiettes. Dans un marché continental ouvert comme le nôtre il est indispensable de comprendre que les mêmes règles s’appliquent à tous les agriculteurs européens. C’est pourquoi la France et le Président Emmanuel Macron ont pesé de tout leur poids en novembre dernier pour que la durée d’autorisation du glyphosate soit ramenée de 15 ans (comme initialement prévue par la Commission Européenne) à 5 ans en se dotant en parallèle de règles encore plus contraignantes pour elle même (3 ans).

3- La réduction de l’utilisation des pesticides ne se limite pas à la question du Glyphosate.
La majorité est fortement mobilisée pour réduire de façon concrète l’utilisation des produits phytopharmaceutiques en France. Preuves en sont les votes permettant :

  • L’interdiction des remises, rabais et ristournes sur l’ensemble de ces produits.
  • L’affirmation de l’incompatibilité des activités de conseil et de vente de produits phytopharmaceutiques pour éviter les conflits d’intérêts et les surventes.
  • La création d’ici 2020 d’un fonds d’indemnisation des victimes liées à l’exposition à ces produits.
  • Le renforcement de l’interdiction des néonicotinoïdes (produits qui ont un impact majeur sur la mortalité des abeilles indispensables à la pollinisation).

J’espère que ces éléments factuels permettront notamment à celles et ceux qui s’érigent en procureurs sur cette question de mieux comprendre la stratégie et l’objectif de la majorité à laquelle j’appartiens qui est de réussir en 3 ans la transition de notre modèle agricole de façon réaliste et efficace tant sur le plan économique que sanitaire au bénéfice de tous, agriculteurs et consommateurs. Afin de prolonger le dialogue et les explications sur la sortie du glyphosate, j’organiserai bientôt deux réunions publiques à Châtellerault et à Loudun pour répondre à toutes vos questions.

Nicolas Turquois

PS : Vous pouvez aussi regarder mon expression sur les mesures de la loi Agriculture et Alimentation concernant les pesticides datant de juin dernier :